top of page

ALL WE IMAGINE AS LIGHT

mer. 30 oct.

|

LE COLISÉE CARCASSONNE

Drame Inde - 1h 58 (2 octobre 2024) De Payal Kapadia Avec Kani Kusruti, Divya Prabha, Chhaya Kadam

ALL WE IMAGINE AS LIGHT
ALL WE IMAGINE AS LIGHT

Heure et lieu

30 oct. 2024, 18:00 – 12 nov. 2024, 20:00

LE COLISÉE CARCASSONNE

À propos de l'événement

HORAIRES

7 séances sur deux semaines avec des horaires pouvant varier de quelques minutes :

Les jours et horaires précis sont déterminés chaque semaine par le Colisée

Mer  30/10 : 18h30 - Jeu 31/10 : 16h - Sam  02/11 : 18h - Lun 04/11 : 14h.

Ven 08/11 : 14h -  Dim 10/11 : 18h - Mar  12/11 : 20h20 .


SYNOPSIS

Sans nouvelles de son mari depuis des années, Prabha, infirmière à Mumbai, s'interdit toute vie sentimentale. De son côté, Anu, sa jeune colocataire, fréquente en cachette un jeune homme qu’elle n’a pas le droit d’aimer. Lors d'un séjour dans un village côtier, ces deux femmes empêchées dans leurs désirs entrevoient enfin la promesse d'une liberté nouvelle.


CRITIQUES

Les Inrocks

Grand prix au dernier Festival de Cannes, ce premier long métrage de fiction filme une ronde des désirs enchanteresse dans le Mumbai contemporain.

Après Toute une nuit sans savoir (2021), documentaire sur la révolte et l’amour qui nous avait déjà renversé·es par son ampleur politique et romanesque, All We Imagine as Light marque les premiers pas dans la fiction de la cinéaste indienne Payal Kapadia. Le dépaysement n’est toutefois pas total. La réalisatrice arpente à nouveau les rues encombrées de Mumbai et clame son attachement encore vigoureux à la forme documentaire.

Dès son prologue, le film scrute l’agitation de la ville et se retrouve perforé de différentes voix intérieures. Les pensées et les états d’âme de ses habitant·es se chevauchent, dessinant un portrait intime de la foule, soudain plus si anonyme que ça. En son milieu éclot Prabha (Kani Kusruti), une jeune infirmière. Concentrée, elle mène à l’hôpital une existence sans embûches. Anu (Divya Prabha), sa colocataire, est plus rebelle. Leurs deux vies en miroir inversé vont finalement s’enchevêtrer au cœur d’une quête commune.

Sous le masque impassible de Prabha se cache un amour perdu, un chagrin qu’elle ne parvient pas à soigner. Les pires doutes l’assaillent : cet amour a-t-il vraiment existé un jour ? Comme dans Toute une nuit sans savoir, il est question d’un amant disparu dont le fantôme erre secrètement dans les vapeurs de l’image. Pendant ce temps, Anu voit en cachette un jeune garçon musulman qu’elle aime éperdument.

Avec ce double portrait de relations contrariées, le film suit en parallèle le début et la fin d’un amour, de ses palpitations au chagrin et à l’acceptation. Par ce chassé-croisé, la cinéaste décrit l’ample et contradictoire trajectoire du sentiment amoureux. Construit comme un diptyque de la ville à la campagne, de l’effervescence urbaine à la nature apaisée, All We Imagine as Light suit le mouvement d’une régénérescence.

Une boucle parfaite qui sonde la capacité des êtres à sécher leurs larmes, à panser leurs plaies, sans oublier ni regretter pour qui et pour quoi battait leur cœur. D’une sensualité et d’une élégance éblouissantes, le film parvient à capturer toute la matière, même la plus prosaïque (un cuiseur à riz), pour la transformer en un sublime morceau de poésie, une capsule enchanteresse qui retranscrit la fragilité émotionnelle de ses personnages. Payal Kapadia se sert de sa caméra comme d’un stéthoscope, dont elle se saisit pour mieux nous faire entendre les pulsations internes des corps.

La captation de la ville comme monstre aliénant et pourtant ensorcelant évoque les plus grand·es, notamment Wong Kar-wai. Les sens des spectateur·rices sont surmobilisés grâce à un usage prodigieux de la caméra. Laissant entrer dans le champ les multiples imprévus du réel (le surgissement d’une couleur, d’un visage ou d’un son), le film ne fait jamais système. Il ne dompte pas le monde mais l’écoute et l’observe avec une immense attention. Rarement le Mumbai d’aujourd’hui nous était apparu ainsi, enlaçant les amours en même temps qu’il exclut ses habitant·es les plus précaires. Violence implacable dont l’un des personnages fera les frais en devant quitter la mégapole pour retourner dans un petit village près de la mer.

Commence alors un second récit, plus étrange, charnel et mystique. La forêt puis une grotte permettent enfin d’accueillir la possibilité du désir d’Anu et de son jeune amant, tandis que Prabha entreprend sa lente reconstruction, notamment par une mystérieuse rencontre réveillant le spectre de son ancien amour. D’abord isolées, les deux protagonistes se rejoignent et incarnent une magnifique sororité. Dans une dernière image féérique, une petite bicoque sur la plage, aux guirlandes multicolores, enveloppe ses personnages marginalisés et devient leur ultime refuge. Un rempart fragile dressé face à la violence du monde qui les entoure.

Libération :

Vers la fin de Toute une nuit sans savoir, sorti en 2021, s’inscrit à l’écran la phrase d’un poème : «All will be remembered.» On se souviendra de tout. Le premier long métrage de Payal Kapadia était un documentaire hybride, expérimental, presque intégralement en noir et blanc et tremblotant, conçu à partir de found footage, d’archives des manifestations étudiantes de Delhi en 2016 et des lettres d’une jeune femme anonyme qui signait son journal intime d’amour perdu et de révolte politique de la seule lettre «L». L comme «elle». L comme light. Lumière et imaginaire, femme et magie : voici All We Imagine as Light. Au mitan de ce deuxième film, chronique-fiction expérimentale qui a obtenu le grand prix du Festival de Cannes, l’une des trois protagonistes, Prabha, se retrouve au premier rang d’un cinéma, tête levée vers un film en cours dont on ne perçoit que la lumière de l’écran en reflet sur son visage. Le cinéma et la projection de film comme source de lumière mystique et optique étaient déjà au centre de Toute une nuit sans savoir, où les étudiants en cinéma dansaient sur les volcans de la révolution et des images, ombres festives surprises dans le faisceau phosphorescent du projecteur. La lumière derrière, l’imagination devant. Par le cinéma, oui, on se souviendra de tout, encore restait-il à tourner la caméra vers ses spectatrices, toutes les «L» anonymes.

Télérama :

Historiquement, l’Inde est un grand pays de cinéma, pas seulement pour Bollywood. Peu de films, néanmoins, nous parviennent de là-bas, si bien qu’on a peu de nouvelles du pays et de ses habitants. All We Imagine as Light nous en donne et de fort belle manière, sur un ton personnel de chronique, à la fois intime et pudique. Payal Kapadia, 38 ans, nous avait déjà enthousiasmés avec Toute une nuit sans savoir (2022), un documentaire poético-politique autour d’une grève d’étudiants, où se confondaient images d’archives d’une lutte et correspondance mélancolique.

On retrouve ce goût du fragment au générique de ce premier long métrage de fiction, où des gens de la campagne racontent en voix off leur installation à Mumbai (Bombay) et leur lien avec cette mégalopole cosmopolite. Dont la réalisatrice prend aussitôt le pouls : quais de métro bondés, marchés, brouhaha, gargotes, bruits parasites, trafics routiers, grands immeubles, flux continus. Atmosphère générale finement rendue, avant qu’on passe au particulier, en faisant connaissance avec Prabha et Anu, deux amies proches et différentes, qui rivalisent d’assurance et de beauté douce.Elles habitent ensemble dans un petit appartement et sont infirmières à l’hôpital. À leur manière de faire les soins, de délivrer la pilule ou de former les plus jeunes en désignant sans complexe le « spéculum vaginal », on saisit vite ce que ces femmes ont acquis, comme autonomie et savoir. L’aînée, Prabha, quadragénaire, est mariée mais son époux, parti en Allemagne, n’a plus donné de ses nouvelles depuis un an. Un médecin immigré, désemparé de mal parler l’hindi, la courtise délicatement, lui envoie un poème. Mais elle s’empêche d’y être sensible. De son côté, Anu, plus jeune, a un petit ami musulman timide et aimerait trouver un endroit tranquille pour faire l’amour avec lui. Ils s’embrassent dans les coins, derrière les bosquets longeant les terrains de foot, dans les parkings. Anu parle avec lui librement de sexe. Amusée, elle lui raconte comment une apprentie infirmière a été paniquée, lors d’un soin, par l’érection intempestive d’un malade âgé.L’une chante, l’autre pas, pourrait-on croire. Autant Anu est rieuse et spontanée, autant Prabha paraît préoccupée, sévère et prude. À travers ces deux héroïnes emblématiques, la cinéaste confronte deux générations de femmes, l’une encore dépendante de traditions, l’autre, contemporaine, connectée, a priori plus libre. Sa liberté est, en fait, relative. Anu doit voir son amoureux en cachette, non seulement pour se protéger de la société mais, également, de sa famille, dont elle subit encore l’autorité. Par petites touches, la réalisatrice glisse ainsi des nuances dans ces portraits soyeux, dévoilant ce qu’il reste de désirs empêchés et de barrières à abattre pour conquérir une réelle émancipation. Cette dimension sociopolitique est aussi incarnée par une troisième femme d’âge mûr, cuisinière, sans papiers, aidée par Prabha dans ses démarches. Combative, en butte depuis des années à un promoteur puissant qui menace de l’expulser d’un logement qu’elle occupe depuis vingt-deux ans, celle-ci finit par renoncer en choisissant de retourner dans son village natal. Où Prabha et Anu l’accompagnent.Le film quitte alors la ville pour un village côtier, dans le sud du pays. Autre monde, qui offre une nouvelle perspective, à la faveur d’un épisode empreint de conte merveilleux : un noyé mystérieux est ramené dans un filet… En entremêlant ainsi, subtilement, vie matérielle et états d’âme flottants, âpreté et sensualité, en faisant la part belle aux transports et à la balade, malgré la peur et la contrainte qui malmènent la sororité en fleur, ce kaléidoscope aux couleurs saturées touche. Ce n’est pas un hasard si le film valorise tant la nuit, à travers les lumières de la ville comme les lampions colorés d’une buvette de bord de plage. Toutes ces lueurs sont bien des signes de vie et d’espoir.

Cahiers du Cinéma

Plutôt que de raconter des combats, All We Imagine as Light embrasse trois modalités de résistance : les courants puissants ne peuvent être détournés, mais sur les vagues par eux formées il reste loisible de surfer.

Bande annonce =>All We Imagine as light



Partager cet événement

bottom of page