Journées particulières Isabelle CZAJKA : Une femme dans la ville
ven. 08 mars
|Le Colisée
Film : La Vie Domestique - 1h30 - 2013 Avec Emmanuelle Devos, Julie Ferrier, Natacha Régnier
Heure et lieu
08 mars 2024, 18:00 – 19:30
Le Colisée, 10 Bd Omer Sarraut, 11000 Carcassonne
À propos de l'événement
SYNOPSIS
Juliette n’était pas sûre de vouloir venir habiter dans cette banlieue résidentielle de la région parisienne. Les femmes ici ont toutes la quarantaine, des enfants à élever, des maisons à entretenir et des maris qui rentrent tard le soir.
CRITIQUES (extraits)
Télérama : Sur ces bourgeoises un peu vaines, Isabelle Czajka pose un regard souvent féroce (on sourit beaucoup), mais toujours complice : elle n'en fait pas les figurines d'un soap opera à la "Desperate Housewives", mais des êtres à la Virginia Woolf, cernés par l'inconsistance et leur inutilité.
L’obs :
Amusant souvent et émouvant pourtant, jamais triste et toujours captivant, "La Vie domestique", servi par des interprètes impeccables, est l'oeuvre d'une cinéaste talentueuse, dont la modestie apparente et la discrétion font aussi le prix.
Elle :
Il faut du talent et une interprète d'exception pour filmer la vie qui se délite, l'angoisse qui gagne, et que ce soit captivant. Isabelle Czajka a les deux.
Le Monde:
En 2007 parut aux Editions de l'Olivier Arlington Park, un livre remarquable d'une romancière anglaise inconnue : Rachel Cusk. A la manière d'une Virginia Woolf contemporaine, elle y décrivait avec lucidité et subtilité vingt-quatre heures de la vie de quatre femmes vivant dans une banlieue chic de Londres, aux prises avec les angoisses de l'aliénation domestique et conjugale. Six ans plus tard, la réalisatrice française Isabelle Czajka (L'Année suivante ; D'amour et d'eau fraîche) a eu l'idée d'adapter ce roman et de le transposer dans la banlieue parisienne aisée. Quatre femmes là encore, Juliette (interprétée par Emmanuelle Devos), Betty (Julie Ferrier), Marianne (Natacha Régnier) et Inès (Helena Noguerra), toutes plus ou moins bien mariées et peu ou prou au bord de la crise de nerfs.
Aucune gêne matérielle chez elles : jolie maison, jardin gazonné, voiture, shopping à volonté, bonne école pour les petits. Loin du bruit de la ville, un quotidien huilé, du matin – petit déjeuner à préparer, enfants à conduire à l'école – jusqu'au soir – courses à faire, repas à préparer, dîner à organiser... Mille et une tâches que bien souvent les femmes endossent, jusqu'à se retrouver piégées par un quotidien aussi répétitif qu'insipide.
Comme le livre, le film se déroule sur vingt-quatre heures. Vingt-quatre heures décisives durant lesquelles seule Juliette comprendra qu'il n'est que temps d'entrer en résistance. Ce n'est pas qu'il soit machiste, Thomas, son gentil mari (Laurent Poitrenaux, proviseur du lycée Jean-Jaurès, de gauche comme il se doit). Au contraire, elle aurait pu trouver bien pire. Mais il est submergé de boulot, alors les tâches domestiques...
DES DESPERATE HOUSEWIVES DE LA BANLIEUE PARISIENNE
Pour ne rien arranger, Thomas aurait trop tendance au compromis. Comme lors de ce dîner chez un patron de boîte informatique, arrogant et misogyne, adepte du discours "Abdel et Djamel ne comprennent pas le français, à quoi bon essayer de leur enseigner quoi que ce soit" et des jugements abrupts sur "les femmes qui ont des couilles". Thomas n'avait pas bronché et Juliette avait préféré ne pas lui rentrer dans le lard. Tension dans le couple.
On dira que tout cela est stéréotypé, que les personnages ont parfois du mal à échapper à leur propre caricature ; que les dialogues sont trop appuyés. Certes. Et pourtant, d'où vient que ce film se regarde sans déplaisir ? Mieux, comment se fait-il que l'on finisse par croire aux malheurs de ces desperate housewives de la banlieue parisienne ? C'est tout le talent d'Isabelle Czajka que d'arriver à imposer un propos intelligent par-delà ces quatre situations entremêlées. En mettant bout à bout des détails de la vie quotidienne, en observant ces femmes, leurs conjoints et leurs enfants un peu à la manière du photographe anglais Martin Parr, elle finit par trouver un point de fuite, la seule manière qu'auraient ces femmes d'arriver à se sortir du piège dans lequel elles se sont enfermées.
A la fin du film, après avoir tenté, sans y parvenir, de tout concilier (vie domestique, vie amoureuse, vie familiale et vie professionnelle – elle voudrait travailler à Paris dans une maison d'édition), Juliette finira simplement par dire non. Un non pas agressif du tout, un simple non, mesuré mais ferme ; manière de dire : maintenant, ça suffit comme ça.
Horaire : Vendredi 8 Mars à 18h
Bande annonce =>La Vie Domestique