L'homme aux mille visages

HORAIRES

5 séances sur une semaine avec des horaires pouvant varier de quelques minutes :

Mercredi 12/06 : 18h, Samedi 15/06 : 18h, Dimanche 16/06 : 18h, Lundi 17/06 : 14h et Mardi 18/06 : 20h.

SYNOPSIS

Il s’appelle Alexandre, Ricardo ou Daniel. Il se dit chirurgien ou ingénieur, argentin ou brésilien. Il vit avec quatre femmes en même temps, adaptant à chacune son récit et même ses traits de caractère. Enquête à la première personne, avec l’aide d’un détective privé, sur un imposteur aux mille vies imaginaires.

CRITIQUES

il y a d’abord eu un reportage pour Les pieds sur terre, en 2017. De ceux qu’on n’oublie pas mais qui laissent l’auditeur sur sa faim. Une histoire d’amour à dormir debout de « serial latin lover » racontée par l’une de ses victimes. Sous le charme puis enceinte d’un prince charmant brésilien nommé Ricardo, Daphné tombe ensuite des nues en découvrant que son Roméo a en réalité une demi-douzaine de Juliette : en France, en Pologne, en Argentine mais, surtout, en même temps.Une demi-heure de radio, c’est décidément trop juste pour absorber les répercussions d’une telle mythomanie. Alors Sonia Kronlund enquête pendant cinq ans, embauche un détective privé polonais — pas très doué —, retrouve, écoute et réconforte les Juliette d’ici et d’ailleurs. Des femmes blessées, piégées, humiliées, qui ne sont chaque fois ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, mais que la productrice de France Culture aime et comprend, ayant elle-même eu maille à partir avec son lot d’hommes tordus. Elle en a tiré un vif récit à la première personne, au titre homonyme, publié en janvier aux éditions Grasset, pétillant d’ironie et de sororité.

Vengeance au goût amer

Après les voix et les mots, c’est le temps des images et des réparations avec ce documentaire en forme de thriller. Entourée de son équipe, exclusivement féminine, de fins limiers, Sonia l’enquêtrice traque le prétendant en épluchant les multiples traces numériques éparpillées chez ses malheureuses amantes qui l’ont connu tantôt Daniel, Alexander ou Antonio, tantôt pilote de ligne, photographe de guerre, chirurgien thoracique ou ingénieur chez Peugeot… Métiers imaginaires, bien sûr, la principale activité de l’intéressé, à temps plein et à cœur perdu, consistant à entretenir l’illusion d’une quintuple vie conjugale financée telle une pyramide de Ponzi : les zlotys empruntés à l’une permettent de rembourser les euros de l’autre.

Ce film sur le vertige de la fiction, et l’aveuglement plus ou moins volontaire de la passion amoureuse, s’achève par une confrontation, au pas de course, et particulièrement sarcastique, avec le bourreau, pris à son tour dans les feux des projecteurs. Petite vengeance consolatrice mais au goût amer. Car en l’écoutant s’inventer une énième vie fantasmée, on mesure la béance du puits d’où surgissent ses mensonges et où périront nos interrogations.

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