ven. 26 janv.
|LE COLISÉE CARCASSONNE
Moi, Capitaine
2h 02min | Drame De Matteo Garrone | Par Matteo Garrone, Massimo Gaudioso Avec Seydou Sarr, Moustapha Fall, Issaka Sawadogo
Heure et lieu
26 janv. 2024, 18:00 – 20:10
LE COLISÉE CARCASSONNE
À propos de l'événement
Synopsis
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Seydou et Moussa, deux jeunes sénégalais de 16 ans, décident de quitter leur terre natale pour rejoindre l’Europe. Mais sur leur chemin les rêves et les espoirs d’une vie meilleure sont très vite anéantis par les dangers de ce périple. Leur seule arme dans cette odyssée restera leur humanité.
Critiques
Télérama : Matteo Garrone est un conteur. Ses films reposent volontiers sur une structure narrative faite de lois immuables et d’étapes obligées. Qu’il choisisse d’explorer les ramifications du crime organisé à grande échelle (Gomorra, 2008) ou les conséquences de la petite délinquance napolitaine (Dogman, 2018), le cinéaste romain transforme le fait divers en mythe pour embarquer son spectateur au-delà du miroir et des apparences – Reality (2012). Quand il ne se fait pas encore plus littéral et littéraire en piochant dans le répertoire des grands récits imaginaires transalpins (Le Conte des contes, 2015, Pinocchio, 2019).
On ne s’étonnera donc pas de sa lecture très personnelle de la crise migratoire qui frappe l’Afrique et l’Europe du XXIᵉ siècle. Le voyage de deux adolescents sénégalais vers la France lui donne la matière d’une nouvelle odyssée, avec désert, mirages, passeurs, geôles libyennes et tempêtes méditerranéennes en guise de Charybde et Scylla. Pareille tragédie humanitaire se prête-t-elle à la légèreté du conte ? Matteo Garrone et ses trois scénaristes ne dissimulent en rien l’horreur vécue par les candidats à l’exil. Les récits de survivants et les reportages lus ici ou là prennent une dimension encore plus concrète et effrayante quand ils sont représentés à l’écran dans toute leur cruauté. Bien que mises en scène – toujours avec tact –, ces images parfaitement documentées acquièrent paradoxalement une valeur de preuve, dans la tradition du cinéma néoréaliste d’après-guerre. Multiprimé à la Mostra de Venise Les quelques envolées oniriques agissent alors comme des bulles de poésie, des respirations autorisées, avant de replonger. Ce salutaire refus du misérabilisme s’observe aussi dans le profil des deux héros, décrits davantage en migrants économiques qu’en réfugiés et interprétés avec l’élan et la sincérité des amateurs par Seydou Sarr et Moustapha Fall – le cinéaste italien les a repérés dans les rues de Dakar. Dans un geste politique, qui n’a pas manqué de déplaire au gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni, encore récemment en guerre contre la protection des mineurs isolés, le jury de la dernière Mostra de Venise a remis à Matteo Garrone le Lion d’argent du meilleur réalisateur et le prix du meilleur espoir à Seydou Sarr.
La fin heureuse, toutes proportions gardées, qui héroïse son personnage et justifie le titre du film, pourra heurter ceux qui savent combien la Méditerranée est un cimetière, et comme Lampedusa n’a rien d’un eldorado. Ce dénouement un peu concentré en symboles et en grandiloquence s’inspire pourtant, encore, d’une histoire vraie, celle du jeune « capitaine » guinéen Fofana Amara. Au bout du conte, c’est le réel qui gagne avec l’émotion.
Cahiers du cinéma :
Garrone liquide tout contrechamp : la traversée finale accumule les faux-raccords sur le visage de Seydou, capitaine d’un navire en perdition, tant et si bien que le spectateur ne voit jamais ce qu’il regarde à l’horizon. Même l’Italie a disparu.
L’Obs :
Partir… Le rêve de Seydou et Moussa, deux gamins sénégalais, prend forme : l’Europe les appelle. Las ! Sur la route, il y a la désillusion, peut-être la mort… Quand Seydou, à peine sorti de l’adolescence, se retrouve à la barre d’une épave destinée à sombrer avec les dizaines de migrants à bord, il devient un homme. D’une histoire tissée par la plus banale actualité, Matteo Garrone tire un film à la charge politique explosive dans l’Italie de Giorgia Meloni. Cinéaste attentif aux tensions sociales (« Gomorra », « Dogman »), il quête la part d’humanité de ses personnages, avec une conviction évidente. Malgré les quelques effets mélodramatiques, les valeurs défendues par le film sont les nôtres, et ces marcheurs que le désert avale, ces femmes et ces enfants jetés dans des geôles par des seigneurs de guerre, ces visages brûlés par le vent de la solitude, sont inoubliables. François Forestier
Libération :
Ce mercredi 3 janvier en salles, le long métrage de Matteo Garrone retranscrit avec justesse les conditions des périples vers l’Europe des migrants africains. Interview croisée du cinéaste italien, du Guinéen Fofana Amara, qui lui a inspiré l’histoire, et de la cofondatrice de SOS Méditerranée Sophie Beau.
Raconter le périlleux périple migratoire de Seydou et Moussa, deux jeunes Sénégalais en quête d’un futur meilleur en Europe. Voilà le pari ambitieux que s’est lancé le réalisateur italien Matteo Garrone avec son nouveau film Moi capitaine, qui sort en salles ce 3 janvier. L’œuvre, basée sur une histoire vraie et en lice pour représenter l’Italie aux oscars, aborde sans tabou les dangers auxquels font face les migrants et réfugiés sur la route vers le continent européen – l’immensité du désert, «l’enfer» des centres de détention libyens, jusqu’à la traversée mortelle de la Méditerranée.
Bande annonce =>Moi,Capitaine