WHEN THE LIGHT BREAKS
jeu. 13 mars
|LE COLISÉE CARCASSONNE
Drame - Islande - 1h22 (19/02/2025) De Rúnar Rúnarsson Avec Elín Hall, Mikael Kaaber, Katla Njálsdóttir


Heure et lieu
13 mars 2025, 16:00 – 25 mars 2025, 20:00
LE COLISÉE CARCASSONNE
À propos de l'événement
HORAIRES
6 séances avec des horaires pouvant varier de quelques minutes :
Les horaires précis sont déterminés chaque semaine par le Colisée.
Jeu 13/03 : 16h15 - Dim 16/03 : 18h45 avec présentation du film par un membre de l'association - Mar 18/03 : 20h45.
Jeu 20/03 : 16h10 - Lun 24/03 : 14h - Mar 25/03 : 20h45.
SYNOPSIS
Le jour se lève sur une longue journée d’été en Islande. D’un coucher de soleil à l’autre, Una une jeune étudiante en art, rencontre l’amour, l’amitié, le chagrin et la beauté.
CRITIQUES
Télérama :
D‘un coucher de soleil à l’autre, When the Light Breaks conjugue la lumière et le temps pour raconter l’amour, le deuil, l’amitié en une heure vingt montre en main. Son accomplissement tient à des touches précises, des ellipses fines, un équilibre tenu entre l’épure et l’émotion, cette dentelle dessinant un mélo à bas bruit. C’est qu’Una, étudiante aux beaux-arts d’une vingtaine d’années, doit taire la profondeur de son chagrin : Diddi, qui vient de périr dans un tragique accident, était officiellement le petit ami d’une autre. La veille encore, face à la mer, le jeune homme s’engageait à rompre avec cette Klara, et voilà qu’il est mort, et que Klara débarque à Reykjavik, et qu’Una fait semblant de pleurer un simple copain.
Cinq ans après Echo, où il scannait la société islandaise à travers des plans fixes et une cinquantaine de micro-nouvelles plus ou moins grinçantes, le cinéaste Rúnar Rúnarsson signe un récit d’apprentissage à l’os, vingt-quatre heures de la vie d’une fille foudroyée en plein bonheur. L’auteur de Sparrows (2015) y met davantage de cœur mais conserve le sens des détails parlants, et même des petits riens criants – une paire de chaussures laissée chez l’amoureux, une brosse à dents qu’on partageait hier et qu’on n’ose plus saisir aujourd’hui…
La beauté de When the Light Breaks éclate dès le premier plan du film. On y découvre, de dos, Una (Elin Hall), contemplant le soleil qui se couche sur l’océan. Tout près d’elle se tient Diddi (Baldur Einarsson). Il entre dans le cadre. La jeune femme au physique à la Jean Seberg et le jeune homme tendre derrière ses allures viriles posent ensemble pour un selfie, isolés, au milieu de ce paysage enchanteur. Amoureux.
On comprend très vite, à leur échange, qu’un voile d’ombre couvre leur relation. Ils ne peuvent se voir jusqu’ici qu’en secret, mais bientôt les choses vont changer, promet Diddi. Le lendemain, il doit rencontrer sa petite amie, Klara (Katla Njalsdottir), pour rompre avec elle. Sauf qu’il n’arrivera jamais à destination. Diddi meurt dans un accident de voiture, qui fait de nombreuses victimes, au cœur d’un tunnel gagné par les flammes.
When the Light Breaks explore, dans les heures suivant le drame, l’onde de choc du deuil sur un petit groupe d’amis islandais autour desquels se retrouvent Una et Klara. Avec ce quatrième long-métrage, le réalisateur Runar Runarsson reste fidèle à une esthétique – il tourne ses films en décor naturel, en 16 mm dont il apprécie la sensibilité – autant qu’à une éthique : rendre compte, par les moyens du cinéma, de la complexité de l’expérience humaine. Avec un intérêt particulier pour les âges frontières. Comme un peintre, il dessine ses personnages presque adultes par petites touches contrastées, n’omettant jamais de déposer un peu de lumière dans l’obscurité.
Pour Una et ses camarades, qui terminent leurs études, c’est la première confrontation à une mort aussi intime. Une grande partie du film se joue dans le non-dit. La parole, impossible, trop maladroite, convenue ou explosive pour affronter la tragédie, ce sont les corps qui racontent le mieux les personnages. En particulier le visage d’Elin Hall, actrice éblouissante de vérité, que Runar Runarsson scrute en gros plan. Dans When the Light Breaks, on pleure, on boit, on danse, on s’effondre, on se relève. On s’étreint surtout dans un grand élan de consolation. Le film est à ce compte-là d’une immense tendresse par sa manière d’accueillir la peine de chacun.
Une tension se crée très vite autour du secret d’Una et de la possible révélation de celui-ci à Klara. Une palette de rôles et d’états d’âme se déplie alors dans la fiction. Il y a l’ami qui était dans la confidence et qui tente de soutenir la première, ceux qui ignorent tout et accordent leur attention à la seconde. Au fil de cette journée particulière, Runar Runarsson déjoue la rivalité frontale entre les deux femmes pour quelque chose de plus doux et de plus trouble.
La mémoire est le théâtre d’une bataille souterraine où la vérité se cogne à l’histoire officielle, ouvrant le gouffre de ce que l’on sait vraiment des êtres qui nous sont les plus chers. A l’image de cette performance artistique alcoolisée que Diddi n’avait jamais racontée à Klara. Peut-être par honte. Le souvenir, à l’image du film, est le lieu de la joie et de la perte, où la vie et la mort se confondent. Le résidu intime de notre expérience du monde.
Ce jeu de bascule constant entre le personnel et le collectif s’inscrit jusque dans l’image qui serre au plus près les personnages avant de les regarder plus à distance, avec des cadrages très composés. Runar Runarsson multiplie les effets de reflet et de miroir pour rendre compte de tout un jeu d’écho entre soi et l’autre, entre soi et l’image de soi. Juxtaposition, disjonction. C’est dans cet interstice que surgit l’inattendu.
Avec When the Light Breaks, le réalisateur manie avec subtilité un art du décalage pour ouvrir d’autres regards sur les êtres et le monde. Plus poétiques. Dans une scène du film, Una montre à Klara qu’il suffit parfois de reculer de quelques pas pour avoir soudain l’impression de voler.
Les Cahiers du Cinéma
La force du film : celle d’installer dans la douleur un temps aussi doux qu’inéluctable, les personnages évoluant presque par le rythme naturel de la mise en scène là où les coups de scénario auraient été si facilement applicables.
Le Monde :
La beauté de When the Light Breaks éclate dès le premier plan du film. On y découvre, de dos, Una (Elin Hall), contemplant le soleil qui se couche sur l’océan. Tout près d’elle se tient Diddi (Baldur Einarsson). On comprend, à leur échange, qu’un voile d’ombre couvre leur relation. Ils ne peuvent se voir qu’en secret, mais dès le lendemain Diddi doit rencontrer sa petite amie, Klara (Katla Njalsdottir), pour rompre avec elle. Sauf qu’il n’arrivera jamais à destination.
When the Light Breaks explore, dans les heures suivant le drame, l’onde de choc du deuil sur un petit groupe d’amis islandais autour desquels se retrouvent Una et Klara.
Avec ce quatrième long-métrage, le réalisateur Runar Runarsson reste fidèle à une esthétique – il tourne ses films en décor naturel, en un 16 mm dont il apprécie la sensibilité – autant qu’à une éthique : rendre compte, par les moyens du cinéma, de la complexité de l’expérience humaine. Comme un peintre, il dessine ses personnages presque adultes par de petites touches contrastées, n’omettant jamais de déposer un peu de lumière dans l’obscurité.
Bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=i1SW95rH0YM